Urbaine

Les matières organiques d’origine urbaine

Composts urbains

Production de composts de déchets verts urbains

En 2015, trois plate-formes de compostage urbaines sont en activité. Leurs composts sont issus de la transformation de déchets verts collectés en porte-à-porte et en déchetteries. La première est localisée dans le sud de l’île (Saint-Pierre), la deuxième dans le Nord-Ouest (Le Port). La dernière et la plus petite est située dans le Sud-Est (Sainte-Rose).

Localisation de la plate-forme année 2005 (tonnes) année 2007 (tonnes)
Saint-Pierre  7 500   2 562 
Le Port  600   3 800 
Sainte-Rose  317   300 
Total  8 417   6 662 

Tableau : production annuelle de composts de déchets verts urbains en 2005 et 2007.

Plusieurs facteurs expliquent la diminution de 20% de la production totale de composts de déchets verts urbains entre 2005 et 2007 :

  • la station de Sainte-Rose a été, en 2007, gérée par un nouvel exploitant et la station n’a produit du compost que sur 8 mois de l’année. Les quantités produites augmenteront forcément dans les années à venir ;
  • sur les stations du Port et de Saint-Pierre, la totalité des végétaux entrante n’a pas pu être transformée en compost.

Études sur les sources en ETM des composts de déchets verts réunionnais

Les composts de déchets verts urbains, pour être mis sur le marché, doivent satisfaire à la norme française NF U 44-051. A la Réunion, ces composts présentent des teneurs en nickel et parfois en chrome trop importante, ce qui ne permet pas leur normalisation. La Chambre d’Agriculture et le Cirad ont donc mené, en 2007 et 2008, des études sur les sources en ETM de ces composts. Il en découle que leurs teneurs élevées en nickel et en chrome proviennent des mottes de terre qui entrent dans le process de compostage en même temps que les déchets verts. Cette terre est elle-même naturellement riche en ces éléments chimiques car elle est issue du fond pédogéochimique d’origine volcanique de La Réunion.

– Composts de déchets verts urbains réunionnais : recherche de la source d’ETM, (Chambre d’agriculture) N. Payet, V. van de Kerchove, Février 2007, 35 p.

Composts de déchets verts urbains réunionnais : origine des concentrations élevées en éléments traces métalliques, (Chambre d’agriculture, Mvad 🙂 N. Payet, V. van de Kerchove, (Cirad 🙂 Doelsch E, Moussard G., mars 2008, 24 p.

Étude de caractérisation de composts en vue de leur mise sur le marché

La Communauté intercommunale du Nord de la Réunion (CINOR) a confié, en 2009, à la Chambre d’agriculture la réalisation d’une expérimentation permettant de caractériser des composts de déchets verts et des composts de déchets verts + boue de son territoire.

Dans le cadre des réglementations en vigueur et compte tenu de l’atypicité des sols réunionnais (richesse en chrome et en nickel), ces essais ont pour but d’apprécier la conformité de ces composts vis-à-vis des normes NF U 44-051 et NF U 44-095, en vue de leur mise sur le marché.

Le rapport de cette étude (juin 2010) est disponible auprès du service Environnement de la Cinor.

Composts de déchets verts + boue d’épuration

Les co-composts de déchets verts et boue d’épuration sont réglementairement assimilés à des boues. Leur mise sur le marché est possible lorsque le compost respecte les critères de la norme d’application obligatoire NF U 44-095. Sinon, le compost est considéré comme un déchet est doit donc, s’il est épandu en agriculture, faire l’objet d’un plan d’épandage ; à moins qu’il soit homologué.

A la Réunion, la CIVIS en a produit sur la station de compostage du Port dans les années 1990.

Depuis 2011, la société recyclage de L’Ouest, localisée au lieu-dit Le Grand Pourpier à Saint-Paul, est en fonctionnement. L’autorisation d’exploiter de 2013 mentionne le traitement par compostage de 12 000 tonnes/an de déchets verts, 12 000 t/an de boue d’épuration et de 1 000 t/an d’effluents d’élevage et de déchets végétaux issus notamment d’activités industrielles. Le compost produit répond à la norme d’application obligatoire NF U 44-095.

Boues d’épuration urbaines

Réglementation et encadrement des épandages de boue d’épuration

La réglementation comprend, entre autres, deux textes qui cadrent l’épandage des boues d’épuration en agriculture :
– le décret n°97-1133 du 08/12/97 relatif à l’épandage des boues issues du traitement des eaux usées ;
– son arrêté d’application du 08/01/08 (JO du 31/01/98) fixant les prescriptions techniques applicables aux boues sur les sols agricoles.

La profession agricole a, en France, obtenu deux garanties supplémentaires pour l’épandage des boues :

– la création d’une cellule de veille sanitaire animée par l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) en 1997. Depuis sa création, les bilans annuels de la cellule ont montré l’absence d’implication de l’épandage de boue dans l’apparition de pathologies animales ;

– la mise en place, en 2009, du fonds national de garantie des risques liés à l’épandage des boues d’épuration urbaines et industrielles. Ce fonds couvre le risque de « développement », c’est à dire les dommages qui surviennent et qui ne pouvaient être envisagés du fait des connaissances scientifiques et techniques disponibles au moment de l’épandage. Il intervient dans l’indemnisation des préjudices subis par les exploitants agricoles et les propriétaires fonciers. Ce fonds est alimenté par les collectivités, à raison de 0,5 € / tonne de matière sèche produite.

Par ailleurs, depuis 1998, une Chambre d’agriculture peut se voir confier par la Préfecture la mise en place d’un organisme indépendant (OI) des producteurs de boue. En métropole, les OI sont hébergés à plus de 90% par les Chambres d’agriculture.

Cet organisme porte trois missions :
– expertises à mission plus ou moins régalienne (expertise technique, centralisation des données d’épandage sur le département, …) ;
– animation et coordination de la filière d’épandage (concertation entre l’OI et les divers partenaires de la filière, communication autour de la filière, …) ;
– appui technique et réglementaire (suivi réglementaire, réalisation d’études et d’expérimentations : essais agronomiques au champ, …).

Production de boue d’épuration à la Réunion

Les stations d’épuration de la Réunion produisent des boues issues de traitement biologique. Ces boues sont essentiellement formées par les résidus de bactéries « cultivées » dans les ouvrages d’épuration. Ces bactéries se nourrissent de matières organiques contenues dans les eaux usées et les digèrent. Afin de maintenir l’activité biologique de la station à un bon niveau, une partie de la masse des bactéries ou « biomasse en excès » est régulièrement soutirée (i.e. boues d’épuration), entretenant ainsi la dynamique de reproduction bactérienne et de destruction de la charge polluante.

En 2005, la production de boue calculée est de 57 500 tonnes de produit brut sur l’ensemble des stations d’épuration de l’île. Les boues présentant une moyenne de 20% de siccité, la valeur théorique de production de ces stations est estimée à 11 492 tonnes de matières sèches. 

Épandage des boues d’épuration à la Réunion

La fertilisation des cultures réunionnaises avec de la boue d’épuration pose, dans la plupart des cas, le problème de respect de la législation nationale. En effet, les sols de l’île présentent fréquemment des teneurs en certains éléments traces métalliques (ETM) nettement supérieures aux valeurs seuils fixées par celle-ci. C’est le cas du chrome, du nickel et parfois du cuivre, ce qui rend l’épandage de boue impossible sans dérogation.

En France métropolitaine, certains départements présentent des sols contenant des teneurs en nickel et en chrome légèrement supérieures aux valeurs seuils fixées par la législation. C’est pourquoi l’APCA et l’ADEME ont édité un « guide de demande de dérogation » pour l’épandage des boues.

En 2008, la Direction de l’agriculture et de la Forêt (DAF) et l’Office local de l’eau (OLE) ont financé une étude, basée sur ce guide, afin de vérifier si une dérogation à l’épandage des boues était envisageable localement. Grâce à ce travail réalisée par le Cirad, l’épandage agricole de boue d’épuration urbaine est devenu possible, quel que soit le secteur de l’île. Le rapport de cette étude est disponible auprès de la DAF ou de l’OLE.

Depuis 2008, un producteur de boue (commune, communauté d’agglomération) peut donc saisir le Préfet de la Réunion pour obtenir une dérogation au décret, sur la base de ce rapport. Il lui remet également une proposition de plan d’épandage, dans lequel sont indiquées les parcelles qui seront fertilisées avec de la boue d’épuration, les quantités de boue qui y seront épandues, … Ce dossier est alors instruit par la DAAF.

Certaines collectivités comme les communes de Bras-Panon et Sainte-Rose épandent ou envisagent d’épandre leurs boues d’épuration en agriculture.

En France, les Chambres d’agriculture ont obtenu des producteurs de déchets organiques non normalisés ou non homologués qu’ils prennent en charge les frais d’épandage des boues et épandent celles-ci en agriculture pour « zéro euro rendu racine ». Ces déchets peuvent être des boues d’épuration urbaines ou industrielles, des digestats de méthanisation, …

Depuis 2013, la Chambre d’agriculture de la Réunion s’oppose à la fertilisation des cultures réunionnaises avec des boues d’épuration urbaines.

Vous pouvez consulter et/ou télécharger les documents suivants :

Les rapports et/ou synthèses de ces études et essais sont disponibles sur simple demande auprès de la MVAD.